Foin des rochers

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De nombreux indices paysagers attestent de la récolte séculaire de foins sur les prés maigres, souvent éloignés des fermes. Les prés maigres, n’étaient ni pâturés par le bétail ni fumés, ou fertilisés par l’apport de fumier. Ils se trouvaient sur des terrains trop humides, marais de pente, ou trop raides pour être pâturés avec les bovins, mais suffisamment intéressants pour être fauchés. C’est le cas des prairies de fauche des versants très escarpés et ensoleillés de la chaîne des Vanils. Les faucheurs vivaient plusieurs semaines dans ces pentes, dormant dans les cases, modestes abris de pierre construits à même la pente, dont plusieurs sont encore présents dans le cirque des Mérils. Le foin était descendu dans les filards, à dos d’homme et/ou glissés sur la pente, jusqu’aux fenils ou aux meules de foin, situés à l’abri des avalanches. On venait le chercher là en hiver pour finir son transport vers l’étable, le plus souvent amassé en filards liés entre eux pour former des coubles, qui glissaient directement sur la neige. Durant la première moitié du XXe siècle de nombreuses installations de câbles sont venues faciliter ce transport.

Typiques du paysage du Pays-d’Enhaut, les fenils sont des petites constructions contenant en général un seul local pour entreposer le foin. Faits simplement de planches fixées sur une ossature de poutres ou de madriers, ils ont aujourd’hui perdu leur fonction originelle et la plupart ont disparu. Une partie du fourrage récolté dans les Mérils était entreposée dans les fenils bien conservés de ce lieu-dit des Trois Fenils. Toujours à la recherche de fourrage pour hiverner le bétail qui valorisera les alpages en été, avec la fabrication de fromage d’alpage L’Etivaz AOP, plusieurs agriculteurs du Pays-d’Enhaut récoltent encore du foin de rochers. La plus grande surface fauchée se situe dans le cirque des Mérils. Les mesures de compensation écologiques de la politique agricole actuelle encouragent le fauchage de ces parcelles, connues pour leur qualité botanique exceptionnelle. Le recours à l’hélicoptère est maintenant possible pour descendre le foin, mais le travail de fanage sur ces pentes abruptes reste très pénible. Il est généralement effectué en équipes entre les travaux des foins et des regains de la vallée.

Cabane des Choucas

Foin des rochers